RT 2012 SUITE

Nevers, le 22 avril 2014

Pour les personnes (encore) critiques vis-à-vis de la RT 2012 (et qui souhaiteraient construire sans passer tout leur temps à lutter !)

Ce troisième volet, non pas pour pinailler sur tel ou tel point d’une réglementation par trop contraignante mais pour que cesse le processus qui l’engendre, pour qu’on arrête cette façon de faire où la norme est privilégiée à la création, empilant chaque année une nième réglementation, avec sa dose d’hypocrisie au nom du tout environnemental. Je citerais R.Ricciotti avec : « une bureaucratie qui a compris qu’en fabriquant de la nuisance, elle renouvelle son territoire existentiel ». Voir aussi le beau texte de Gilles Clément « Toujours la vie invente » Extrait de « l’alternative ambiante » .

Le 7 Février dernier j’avais décidé de suivre la formation RT 2012 proposée par le CAUE 58 et financée par la MIQCP (Mission Interministérielle pour la Qualité des Constructions Publiques ), afin d’éprouver le texte critique que j’avais rédigé en Août dernier, de revoir éventuellement certains aspects trop subjectifs voir erronés . Ma vison des choses n’en n’est sortie que renforcée, affermie, et forte de nouveaux éléments.

Le conférencier était Bernard Sesolis directeur de Tribu Energie, célèbre bureau d’étude thermique dont j’avais entendu parlé pour la première fois fin des années 90 comme un des référents potentiels de la démarche HQE à l’époque où l’on commençait à demander aux architectes de s’entourer de bureaux d’études « HQE » lors des consultations en marchés publics.

Bernard Sesolis a pour lui les atouts d’être clair, direct, et généreux dans ses propos. Il serait difficile de s’ennuyer en l’écoutant d’autant que l’humour est souvent au rendez-vous. Grace à lui j’ai pu, en 6 heures, comprendre le fonctionnement de la RT2012, ses principes fondateurs, ses éléments pondérateurs. Je ne reviendrai pas sur cette micro formation bien menée. Je pense d’ailleurs que tout architecte bénéficiant d’une formation continue de quelques jours serait à même de réaliser des bâtiments RT2012 . Alors pourquoi le substituer par une loi ?

Bernard Sesolis est de ceux qui ont participé à la mise en place des règlementations thermiques et est donc aux premières loges pour nous les retracer.

Avant de commencer je souhaiterais rappeler que bien loin de m’opposer à l’intelligence thermique et environnementale des constructions je réfute la contrainte bureaucratique et lobbyiste qu’on nous oblige par la loi à épouser, sans parler des énormes contradictions inhérentes à ces lois en faveur de ceux qu’elles défendent.

Quelques données que j’ai recueillies du conférencier :

- « Les règlementations thermiques sont issues de stratégies induites par Bruxelles – qui ont le loisir de pouvoir réfléchir sur le long terme … »
Bernard Sesolis et d’autres sont référents pour l’application des directives européennes relatives à l’énergie dans les lois françaises. De même qu’une des missions de la MIQCP est la transcription des directives européennes dans le code des marchés selon Patrick Chotteau qui en est le Secrétaire Général Adjoint et qui a introduit la formation.

De mon côté, voir mes textes précédents pour vous dire ce que je pense de la bureaucratie de Bruxelles

- « On ne peut pas échapper à la réglementation »

- « La réglementation thermique française est la plus complexe du monde »
Je rappelle que le gouvernement a lancé à l’été 2013 une procédure pour simplifier les procédures administratives…« et pendant ce temps là, la RT 2012 ne serait qu’une étape !»

- « C’est sur le poids lourd de la maison individuelle que se focalise la RT 2012 »

Evidemment les industries et les bâtiments commerciaux sont soit épargnés, soit bénéficient de grandes pondérations sur les critères RT2012.

- « La RT 2012 a pour objectif de limiter les gaz a effet de serre » (et donc stopper le réchauffement climatique ?)

Un graphique accompagnait cet objectif. Je mets ici un lien internet vers une courbe analogue . C’est là que l’indécence atteint son summum : de faire référence à la mise en place d’objectifs pour stopper les émissions de CO2 !

http://www.manicore.com/documentation/serre/GES.html

Pour faire un parallèle marin je pourrais dire : qu’aurait-on pensé d’un officier du Titanic demandant à un passager d’aller boucher un trou pour empêcher le navire de sombrer…On en est là dans ce même rapport d’échelle. Alors RT 2012 ? pas forcément que pour les raisons qu’on invoque. Comment oser faire faire des efforts à des gens en leur présentant une courbe sans issue ?

- « La réglementation s’est substituée à la conception »

- « On calcule très finement des réalités fausses. »

- « Dans les énergies renouvelables imposées, au moins deux ne sont absolument pas des énergies renouvelables… La production Eau Chaude Sanitaire thermodynamique et la production de deux énergies par chaudières à micro génération»
Cela confirme mon premier texte d’Aout 2013.

- Ne sont pas pris en compte les notions d’énergie grise, c’est à dire l’ensemble du cycle de vie des matériaux dont par exemples les panneaux photovoltaïques : extraction des matières premières, énergies de transformation, énergies de transport, de commercialisation, de recyclage etc. Cette prise en compte pourrait complètement inverser les données actuelles (quid du recyclage nucléaire !)

- Autre énormité ERDF la joue belle : 2/3 de la chaleur produite par les centrales nucléaires part dans les rivières ou dans les airs …au motif que la loi de 1947 interdit à EDF de vendre autre chose que de l’électricité. Pendant ce temps là le particulier doit procéder au cm près à l’isolation de toutes ses parois.

C’est le troisième et dernier volet de mon étude de cas. Prochaine étape : incarner une ou des actions constructives, à l’échelle d’A58 (si l’association le souhaite) et du Département en associant les Fédérations d’artisans et les maires dont le Journal du Centre vient de nous fournir l’annuaire

Propositions lors de la prochaine réunion d’A58

Eric Arsenault

3ème volet : RT 2012 suite

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