Courrier à la Présidente du Conseil National de l’Ordre des Architectes

LETTRE A CATHERINE JACQUOT

PRESIDENTE DU CONSEIL NATIONAL DE L’ORDRE DES ARCHITECTES

Objet : Position de l’Ordre des Architectes sur deux thèmes

Nevers, le 17 juin 2014

Chère Présidente,

L’Ordre des Architecte bénéficie actuellement de votre présence à sa tête et c’est en toute sincérité que je salue la nouvelle dynamique que vous insufflez : puisse t’elle ouvrir l’architecture et les architectes vers de nouvelles perspectives, toujours plus audacieuses, toujours plus humaines.

En ce sens au nom de l’Association A58 qui représente plus de 75% des architectes de la Nièvre et en mon nom nous vous sollicitons sur deux thèmes qui nous tiennent à cœur et qui n’ont pas trouvé d’aboutissement dans la législation actuelle :

-          La RT 2012

-          L’anonymat aux concours d’architecture

La RT 2012

Jamais un pays n’aura connu une telle débauche de complexité coercitive dans le domaine environnemental. On est en train de passer à une société où la réglementation se substitue à la conception, où pour citer R. Riccioti « nous sommes en présence d’une bureaucratie qui a compris qu’en fabricant de la nuisance, elle renouvelle son territoire existentiel ».

Aujourd’hui la RT 2012 ralentit (voire paralyse) nombre de constructions, tant dans les études préliminaires qu’elle impose à ses usagers et qui n’en comprendront jamais le contenu, que dans ses coûts induits. Sans parler des incohérences énormes de la Loi, des orientations implicites sous-tendues par les lobbies (je vous renvoie au beau texte de Gilles Clément « Toujours la vie invente »), de la réduction du rôle de l’architecte dès le permis de construire, des délais allongés, des atteintes à la liberté de construire (voir mes trois textes joints).

A trop imposer on censure, on annihile.

Cela pour quels résultats ? en schématisant je dirais qu’on passe de facto à la nécessité de mieux isoler les parois (10cm au sol, 15cm en parois verticales, 30cm en combles), qu’il faut faire appel à des énergies renouvelables, bien orienter les bâtiments et prévenir les surchauffes d’été. C’est simple mais ces quelques lignes sont aujourd’hui promulguées de façon coercitive via des cabinets d’études spécialisés aux calculs de plus en plus complexes alors que, pour avoir suivi une journée de formation avec Bernard Sésolis (voir texte n°3), il m’apparaît que tout architecte ayant suivi une courte formation serait à même d’engendrer des propositions basiques répondant aux dernières exigences environnementales.

Et je prône ici l’incitation plutôt que la contrainte.

Et c’est un état de fonctionnement que je conteste : il est urgent de proposer d’autres approches législatives que celles auxquelles on a droit depuis quelques années. Il est urgent de dire que passer par un architecte permet aussi d’avoir un bâtiment économe d’énergie (sans doute avec des formations professionnelles complémentaires mais sans pousser à l’excès une législation qui coute cher). On est entrain de réduire le rôle de l’architecte à la capacité d’une société de contrôler ses performances énergétiques. Voilà la tendance à enrayer.

Je vous joins trois textes de réflexion : ils ont été salués dès leur diffusion par la quasi-totalité d’A58, et par le Syndicat de l’Architecture (Marc Dauber et Patrick Colombier) dont je fais aussi partie.

Aujourd’hui ma demande est la suivante : comment se positionne l’Ordre des Architectes vis-à-vis des deux sujets évoqués ?

Pour la RT 2012, je m’apprête à créer un blog avec les textes de réflexion joints à ce courrier. On pourra aussi y trouver une pétition adressée au grand public, aux élus, via les réseaux sociaux demandant une remise à zéro de la RT 2012 pour repartir sur du pédagogique, de l’incitation, de la liberté de construire, du dialogue, de la revalorisation des architectes (et non pas sur une ligne progressive de dévalorisation). J’entends que les volontaires puissent s’exprimer, se positionner et faire avancer une machine à produire les lois trop bien réglées.

Qu’en pensez-vous ?

Veuillez, Madame la Présidente, recevoir l’expression de mes salutations les plus confraternelles,

Bien cordialement

Eric Arsenault

Vice-Président A58